Nouveau tirage de la thèse de Lucette Heller-Goldenberg

"Histoire des Auberges de Jeunesse en France"

Des origines à la Libération (1929-1945)

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La plupart des copains ont entendu parler du remarquable ouvrage de Lucette Heller, un bon nombre d'entre eux l'ont acheté lors de sa parution, et quelques uns ont souvent exprimé un fort désir de se le procurer. Cet ouvrage publié dans le cadre de l'Université de Nice est malheureusement épuisé depuis pas mal de temps. Notre équipe, épaulé par Charles Jourdanet de Nice, et surtout Marius Dépouly de Chambéry, a décidé d'en faire une ré-édition. Nous avons toute de suite eu l'accord de l'auteur, et même celle-ci nous a fait le cadeau d'une nouvelle préface dont on trouvera le texte ci-après. Robert Auclaire ajoutant une post-face. Restaient à cadrer les modalités d'exécution de ce projet et le coût.
 
Il faut se rendre compte que cette thèse fait près de 1200 pages, et nous avons repris la formule des deux volumes :
1) L'essor 1929-1939 588 pages
2) L'ombre 1939-1945 602 pages
(On remarquera que la suite reste à écrire… ce serait sans doute une bonne chose de trouver une nouvelle Lucette Heller, car les acteurs disparaissent beaucoup trop vite.)
On a choisi de faire ce tirage en A4 (le format de cette feuille) car l'auteur nous a fourni l'original de sa thèse dans ce format, et cela permet de faire des tirages à la demande et c'est aussi plus facile à lire. La reliure est un encollage avec dos plastique assez solide.
 
Pour en venir au prix, il faut compter 50 euros pour les deux gros volumes ( On fait des conditions particulières pour les copains intéressés (voir bon de commande) :
- paiement possible en plusieurs chèques à retirer à un mois d'intervalle après la livraison.
- envoi franco s'il y a 5 commandes ou plus de l'ouvrage complet (les deux volumes).
Noter que les frais d'envoi s'élèvent 12 euros minimum (en 2012)… Nous restons ouvert à vos suggestions… Daniel Bret
 
Lucette Heller nous écrit une Préface 2000
Que rajouter à cette longue recherche sur l'histoire des auberges de jeunesse, sinon que ces douze années m'ont aidée à devenir ce que je suis aujourd'hui ! Ceux des auberges m'ont apporté leurs fantasmes, leurs philosophies, leur humour, leur générosité.
Plus de vingt ans après ces rencontres qui furent tout à la fois fascinantes et angoissantes pour la jeune femme que j'étais alors et qui n'avait jamais mis les pieds dans une auberge de jeunesse, à chaque moment, une évocation surgit, instant de grâce qui me guide dans mes décisions actuelles.
 
Comment oublier cette première rencontre avec Robert Auclaire dans un restaurant où j'étais toute occupée à noter le flot de ses réflexions préalables à l'émergence de ses souvenirs ! Soudain, il prononça le mot camarade d'une voix où imperceptiblement je sentis une émotion particulière ; je levai les yeux et saisis dans son regard un envol de lumière. Je lui demandai ce que représentait ce mot dans l'idéologie ajiste. Le chemin décisif d'une solide amitié qui dure jusqu'à aujourd'hui est parti de là.
Peu après, je devais rencontrer POM au sortir d'une bouche de métro. Comment repérer un inconnu dans le flot d'une foule de gens pressés ? Nous avions chacun sans doute une image fantasmagorique de notre interlocuteur. Il a fallu attendre un long moment pour qu'enfin on se reconnaisse. Nous allâmes dans un café assez populaire du même quartier. La conversation tournait autour de Jacques Prévert. A ma demande, il tenta de retrouver les paroles de quelques poèmes interprétés pendant les veillées de Villeneuve-sur-Auvers. Non, ça lui échappait ; il fallait qu'il les chante pour retrouver les mots qui se précipitèrent dès qu'il les accompagna de mélodie ; mais il dut se lever pour que la mémoire ne lui joue pas des tours. Dans ce café bruyant, peu à peu, régna un profond silence : le regard moqueur, quelque peu envieux de ces messieurs qui croyaient que POM était en train de me faire du charme, n'a pas fini de provoquer mon hilarité.
Parmi les témoignages que je souhaitais recueillir, celui de Fernand Lacaf posait problème, car on n'arrivait pas à trouver de date pour se rencontrer. Il fut décidé qu'il enregistrerait sur cassette ses souvenirs, ses réflexions. Il envoya vingt heures de dialogue avec l'inconnue que j'étais, une certaine Lucette Heller qu'il vouvoyait au début et à qui il s'adressait, d'une voix un peu officielle. Peu à peu, le ton changea pour, à la fin, devenir celui d'un complice et il tutoyait l'amie que j'étais devenue pour lui. La seule évocation de ces moments magiques avait opéré la métamorphose.
La rencontre avec René Porte semblait hors de question. Pendant plus de quatre ans, je lui écrivis, pour insister sur l'importance de son témoignage. Il refusa jusqu'à ce que ma persévérance vînt à bout de ses réticences. Il accepta d'abord de me rencontrer en présence de plusieurs autres résistants dont Roland Beauramier, Guy de Boysson.... Il devait me jauger avant de se livrer, m'a-t-il semblé. Le test sembla positif, et rendez-vous fut pris. Il arriva par un après-midi d'été, armé d'une cassette pour être sûr qu'aucune parole ne serait déformée. Et il commença, plein de dédain envers ceux qui croyaient en la saga ajiste ... Il m'expliqua avec toujours beaucoup de réserve l'organisation de la résistance dans les AJ. Soudain, sa voix se brisa, il sortit un grand mouchoir pour s'essuyer les yeux et trembla d'émotion pendant un court moment. Son action dans les auberges ne pouvait être résumée seulement par une logistique raisonnée.
 
Il serait trop long d'évoquer ici les nombreuses rencontres avec tous les ajistes qui acceptèrent de me guider dans ma recherche. Le plus souvent, dès mon arrivée, on m'avertissait que tous les documents étaient à consulter sur place, car ils étaient uniques et on y était trop attachés pour s'en séparer, même si on me faisait confiance ... Rarement aussi, je suis ressortie sans une masse de papiers, de photos, de journaux qu'on me prêtait.
Il me plaît d'évoquer ici ma rencontre avec Dominique Magnant : après m'avoir invitée à dîner chez lui à Versailles, malgré ses premiers avertissements sur les documents qu'il avait rassemblés pour moi, mais qu'il ne prêterait jamais, je suis ressortie vers minuit, avec une valise qui était tellement lourde qu'il dut me raccompagner en voiture à mon hôtel à Paris.
 
Ce mouvement de jeunesse, une embellie à la veille de l'histoire la plus mouvementée du XXe siècle, a su résister à l'épreuve du temps. Sa marque a été suffisamment forte et profonde pour imprimer sa trace jusqu'à aujourd'hui dans tous les domaines. André Essel m'expliqua que la FNAC, c'était certes le capitalisme, mais avec une idée en plus, venue des auberges.
 
Lors de la soutenance de ma thèse en 1985 à Nice, je commençai par faire écouter "Allons au devant de la vie", chanté par le Groupe 18 ans que Pierre Jamet avait enregistré pour la circonstance, à partir d'un vieux disque grésillant. Dans la salle, Simone Bedécarratz, Robert Auclaire, Maurice Tadier et d'autres encore entonnèrent en choeur l'hymne des auberges devant un jury de professeurs quelque peu désarçonnés par tant d'émotion. Ils renoncèrent au traditionnel réquisitoire des soutenances habituelles et ce fut une fête ajiste quelque peu anachronique. Une fois de plus, l'âme des auberges soufflait à nouveau, comme à chaque évocation de ce mouvement de jeunesse qui ne cesse d'imprimer encore son influence dans l'histoire des mentalités : Léo Lagrange réclamait déjà à l'époque une place pour le sport qu'il fallait dégager de l'esprit de compétition... L'amitié unissant toutes les voix avant de se quitter, loin de tout cloisonnement sexuel, social, national, confessionnel, voilà des valeurs que les jeunes des auberges ont insufflé à la civilisation moderne.
 
Lucette Heller-Goldenberg Cologne, le 30 octobre 2000
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